En 1974, l’OMS publie dans les « cahiers de santé publique » des recommandations pour l’enseignement de la sexualité humaine dans les établissements formant les personnels de santé en suggérant que la sexologie devienne une spécialité médicale et en soulignant le manque de formations en place et nécessaires.
A l’époque, le bilan des enseignements Européen de sexologie est décevant et en dehors des facultés de Médecine de l’Europe du Nord ouest où on trouve quelques enseignements sur la reproduction humaine et les méthodes contraceptives.
Ainsi le 17 mai 1974, fondation de la Société Française de Sexologie Clinique, à l’instar de nombreux pays européens, sous la double influence de la libéralisation des prohibitions légales au lendemain de 1968, et de la popularité des nouvelles thérapies issues des courants de pensée de la Psychologie humaniste nord-américaine En 1969 à Genève la faculté de médecine avait proposé des cours de sexologie en 1970 des séminaires de perfectionnement en sexologie clinique dans le service du Pr Gésendorf et sous la responsabilité de W Pasini et G Abraham.
Georges Abraham et Willy Pasini, publient en 1974, "Introduction à la sexologie médicale" ouvrage de référence en sexologie.
L’école de Genève, sa proximité et sa couverture universitaire font une zone d’appel, à un moment où la demande d’enseignement se précise, où Mme Weil écrit à tous les recteurs afin de créer de nouveaux enseignement et en particulier sur la sexualité.
A l’Université d’Aix Marseille, André Mattei, un Endocrinologue travaillant dans les CECOS va prendre contact avec les genevois accompagné de Robert Porto. Les acteurs se réunissent ; R Porto et A Mattei et M Bonierbale, soutenus par des universitaires qui acceptent de cautionner un enseignement universitaire de sexologie, inaugurent en 1975 un premier enseignement post universitaire à la Faculté de Médecine de Marseille avec les associations de FMC (JF Armogathe ) ; le succès est immense, l’amphi de propédeutique de la fac plein de plus de 400 personnes.
En 1976 le Diplôme Universitaire de sexologie est créé, en 1977 JC Czyba suit de la même manière a Lyon avec comme directeur d’enseignement Marie Chevret.
Les deux DU mettent en place des séminaires français de perfectionnement en sexologie clinique avec l’équipe genevoise et les échanges permettent qu’en 1983 l’AIHUS soit crée, G Abraham en est le président, et petit a petit se crée un essaimage de DU en France ; à Bordeaux avec M Bourgeois et N Graffeille, à Toulouse avec F Pontonnier R Tremblay et C Cabanis, à Bobigny avec Durandeau S Képes et P Benghozi; les autres suivront plus tard ce qui aboutira à une sort de fédération de DU réunis par la sympathie de bénévoles libéraux enseignant en facultés de médecine avec le support d’universitaires.
Dans l'Ouest, avec FX Poudat puis avec Noella Jarousse, P Lopes a débuté un enseignement en faculté de la sexologie, en butte encore en 1990 aux moqueries des ses pairs lors de la présentation du projet de DIU de sexologie pour les 7 facultés de l'Ouest. Mais c'est bien au sein de l'AIHUS qu’il a trouvé le soutien pour continuer cet enseignement menacé un moment par des décisions administratives négatives.
Jusque-là, l’Ordre refusait que les médecins fassent état sur leur plaque et sur leurs ordonnances de leur formation en Sexologie. Ce travail a abouti à la mise en place d’un DIU entre les diverses universités avec reconnaissance des personnes compétentes et formées antérieurement d’après une grille d’équivalence, par l’Institut de Sexologie, la SFSC et l’EFS.
A la suite de la Commission d’Etude sur la Sexologie par le Conseil National de l’Ordre des Médecins (session juin 1995), les membres de cette Commission ont décidé :
Les Universités ou groupe d’Universités de Bordeaux, Lyon, Montpellier/Marseille, Nantes/Rennes, Paris XIII et Toulouse III décernent un « Diplôme Inter Universitaire de Sexologie », rejointes plus tard par les facultés du grand Ouest, de Lille-Amiens et de Paris V., puis Clermont Ferrand, Metz.
Cet enseignement médical s’inscrit dans le cadre des recommandations de l’OMS, concernant la nécessité de formation sexologique dans un but de Traitement, de Conseil, d’Education et de Prévention (MST-Sida) en Santé sexuelle. La formation dispensée correspond à l’enseignement d’une culture générale nécessaire à la bonne intégration d’une formation en Sexologie, discipline à la fois psychologique (Psychosexologie) et biologique (Biosexologie).
Le programme comporte un tronc commun de 2 ans, associant les étudiants du DIU ouvert aux médecins et ceux des diplômes universitaires biologique, psychologique et social de la sexualité humaine ouverts aux professionnels de santé non médecins concerné par la sexualité Humaine, et une troisième année d’enseignement à orientation spécifique correspondant aux 3 objectifs définis par l’OMS : Education sexuelle, Conseil en sexologie, Thérapie sexuelle.
En 2010 les diplômes ouverts aux médecins et aux non médecins sont bâtis sur 3 ans et deviennent des DIU avec examen national
Des universitaire ont petit à petit participé plus pleinement à l’enseignement de la sexologie comme A Leriche, J Tignol, F Pontonnier, H Navratil, P Costa, P Lopes, F Giuliano, A Jardin, C Lançon.
Il faut cependant rester critique pour savoir ne pas perdre les acquis. L’enseignement universitaire de la sexologie est indispensable pour donner les bases des connaissances sur le fonctionnement sexuel et relationnel humain qui jusque là étaient négligés, mais reste l’impalpable de l’efficience dans l’approche quotidienne de la plainte sexuelle de l’humain dans son environnement qui dépasse le seul fonctionnement physiologique. L’université ne donne qu’un diplôme d’acquisition de connaissances, un diplôme universitaire n’est pas « professionnalisant», pour la pratique professionnelle quotidienne restent à mettre en place des contrôle de cas, des groupes de supervision de suivis, des entraînement aux jeux de rôles etc. qui manquent encore et qui sont les buts a venir de l’AIHUS.
Quand à la recherche dans le domaine de la sexologie, elle est surtout le fait à l’heure actuelle des études menées dans le domaine des applications des molécules sexo-actives où l’industrie pharmaceutique, sponsor, peut permettre l’acquisition de fonds nécessaires.
De même que G.Tordjman créa les « Cahiers de sexologies cliniques » qui restèrent longtemps la seule revue de sexologie pratique éditée en France, l’AIHUS a soutenu en coordination avec la Fédération Européenne de Sexologie la création de Sexologies ; Revue européenne de Santé Sexuelle qui est la seule revue Européenne bilingue qui permet aux francophones de se faire mieux connaître a l’étranger.
Néanmoins, malgré tous ces progrès, la sexologie traverse actuellement une période particulière, marquée par le retour d'un certain conservatisme d’un vieillissement de ses fondateurs et du temps a devoir mettre en place des jeunes. La médicalisation de la sexualité a eu une double effet, amélioration de la prise en charge de certaines difficultés masculines a facteurs de risques organiques ( âge, HTA, diabète, etc.) mais elle a fait perdre du temps relationnel dans la prise en charge qu’il faudra retrouver.
Par ailleurs, la sexualité n'est plus perçue aujourd'hui de la même manière qu'à l'époque de la révolution sexuelle, d’une activité épanouissante et source de bonheur, elle est devenu trop souvent un indicateur potentiel de pathologies (MST, SIDA ...) et de violences (Harcèlement, Agressions sexuelles ...).
Gérard Valles (2001) avait proposé lors du congres de la WAS (dont l’AIHUS fait partie) à Paris, une liste de “qualités d’un véritable sexologue de notre temps” : le courage, la neutralité, l’humilité, la qualification technique, la bienveillance, l’honnêteté et le sens de l’humour.
L’AIHUS est devenue l’AIUS en 2012 pour pouvoir entrer dans la formation médicale continue post universitaire française et consolider ainsi son rôle expert de connaissance et d’acquisitions
Affaire a suivre...
L’HISTOIRE DE LA SEXOLOGIE FRANCAISE est paru dans un numéro spécial de « sexologies »,. Elle nous fonde, nous devons la connaître....
M. Bonierbale, J. Waynberg,. 70 ans sexologie française, Sexologies 16 (2007) 238–258